Techniques constructives

Deux grands choix : l'ossature (bois) ou la maçonnerie !

Nous ferons ici abstraction de toutes les formes imaginables de modes constructifs rares ou originaux qui ne rentrent pas dans ces deux catégories, ni même des ossatures métalliques souvent réservées en France aux grands ouvrages et dont l'intérêt principal réside en une grande souplesse architecturale et la possibilité, comme pour l'ossature en bois, de s'affranchier des contraintes structurelles pour le choix des matériaux de remplissage des parois.

Les critères de choix objectifs sont moins évidents qu'ils ne le sont généralement présentés, et ne se justifient qu'inscrits dans une réflexion d'ensemble.

Notons avant tout que chaque solution exige une mise en œuvre soignée, sans laquelle aucune n'est à l'abri de sinistres ultérieurs (les désordres structurels engendrant fissures, infiltrations et autres désagréments sont malheureusement également répartis entre tous les types de constructions).

La maçonnerie
La solution maçonnée séduit a priori par :
- son caractère "robuste" et homogène,
- des techniques éprouvées,
- un coût à première vue plus raisonnable,
- la disponibilité des entreprises compétentes,
- etc.
Néanmoins elle nécessite un traitement thermique globalement délicat, nécessitant en général la mise en œuvre de matériaux complémentaires coûteux et une attention particulière portée aux ponts thermiques, à la respiration des parois, à la ventilation etc.

L'apparition de matériaux à la fois structurels et isolants comme la brique de terre cuite dite "monomur", le béton cellulaire ou les blocs en béton de bois, simplifient certes la question sans éliminer tous les inconvénients (énergie grise*, faible inertie pour le béton cellulaire, acoustique médiocre, coût...).
Quelques rares réalisations modernes en pisé** présentent également de grands avantages liés à l'inertie thermique et l'hygroscopie***.
Sur le plan thermique, l'intérêt majeur des maçonneries (limité dans le cas du béton cellulaire), repose sur l'inertie des matériaux. Cette inertie ne sera toutefois utile que si elle joue son rôle côté intérieur de la construction, ce qui implique une isolation par l'extérieur, généralement assez chère (ou un captage de type "mur trombe", ce qui ne revient pas moins cher).

La solution habituellement adoptée constituée d'un mur maçonné isolé par l'intérieur en laines minérales présente donc plusieurs inconvénients :
- forte énergie grise de la construction ;
- coût lié à la mise en œuvre de l'isolation intérieure en sus de la structure ; pas d'inertie thermique, sauf par les planchers éventuellement (ce qui peut suffire, si bien calculé) ;
  Cet inconvénient peut parfois être considéré comme un avantage recherché dans certains cas d'utilisation spécifiques (bureaux).
- respiration de la paroi reposant exclusivement sur la parfaite mise en œuvre de l'étanchéité intérieure (pare-vapeur, accessoires isolants au droit des percements - prises électriques notamment) salubrité de l'air intérieur lié au parfait fonctionnement de la ventilation ;
  (qui n'a jamais eu de papier peint décollé dans sa salle de bains?)
- tassement de l'isolant dans le temps à craindre (de nombreuses observations poussent au pessimisme).
* Quantité d'énergie primaire nécessaire à la fabrication d'un produit.
** Maçonnerie monolithique réalisée en terre crue coffré.
*** Capacité de la terre crue à absorber l'humidité de l'air, et en l'occurrence à la restituer en fonction de la température, créant ainsi une régulation naturelle de l'humidité et un complément de régulation de la température grâce aux échanges de chaleur dûs à l'évaporation et à la condensation de l'eau.
L'ossature bois
Le principe de l'ossature bois est comparable à celui des structures béton ou acier dites "poteaux-poutres" et remplissage, permettant de construire des tours de centaines d'étages, ce qui sera a priori plus hasardeux en bois (et même complètement impossible).

Dans le cas de constructions à moins de deux ou trois étages, le bois est plus facile à mettre en œuvre, plus léger, aussi stable, plus facile à "habiller" et probablement bien moins cher.

Il présente plusieurs avantages constructifs :
- énergie grise maîtrisée (à condition de na pas faire venir du bois exotique de forêts non gérées du Brésil, de Borneo ou d'ailleurs) ;
- préfabrication partielle de la structure en atelier, donc conditions de fabrication techniquement, socialement et énergétiquement bien maîtrisées a priori ;
- rapidité de montage de la structure ;
- dissociation structure / traitement thermique de la construction : toute l'épaisseur des parois peut être affectée à l'isolation ;
- grande liberté dans le choix du remplissage des murs : selon les matériaux utilisés, on peut favoriser inertie, isolation, respiration, captage etc.
L'inconvénient majeur concerne le manque d'inertie du bois lui-même et la nécessité (suivant objectifs bioclimatiques du projet) de recourir à d'autres matériaux pour y remédier : galets sous la construction, dalle béton, terre crue (maçonnée, par exemple!), béton de chaux-chanvre etc.

Certains matériaux "sains" permettent néanmoins de pallier cet inconvénient avantageusement en mariant qualités isolantes et inertie thermique, mais avec une mise en œuvre souvent contraignante (beaucoup de main d'œuvre, temps de séchage très long) comme les mélanges terre-paille ou bétons de chanvre (pouvoir isolant, inertie et donc déphasage, perméance, homogénéité, tenue dans le temps intéressants)
Les murs en paille présentent une excellente solution également, surtout en auto-construction (voir notre sélection de blogs et ce document de Luc Floissac - Ecole d'architecture de Toulouse).
L'ossature bois fait pourtant encore bien peur aujourd'hui, car elle est victime de sa rareté et de ses ratés : on fait moins de cas des milliers de pavillons de banlieue dits "traditionnels" construits en parpaings et qui fissurent désespérément.
On craint sa réaction au feu, pourtant dans les faits souvent meilleure que celle d'une construction en béton, on craint sa durabilité, en oubliant les colombages pluricentenaires de nos vieilles villes etc.
En outre, on imagine encore trop facilement la maison en bois comme un chalet, or elle peut s'habiller à volonté, s'enduire comme une maison traditionnelle, recevoir tous les bardages possible : le choix de construire en bois devrait être le fruit d'une réflexion d'ensemble et ne pas s'arrêter à des a priori affectifs.

Faisons une mention particulière aux constructions en bois plein, qui font l'objet de règles de construction bien spécifiques, et dont le confort d'habitation est reconnu et les performances thermiques très intéressantes malgrè les caractéristiques moyennes du bois grâce à l'équilibre obtenu entre inertie, isolation, effusivité et hygroscopie...